Les médias ont leurs marronniers, le changement d’heure en est un. Bien évidemment il faut répéter les conseils de prudence et de vigilance, il y a 40% de piétons tués en plus sur la période fin octobre/début novembre. Pourtant le discours d’Emmanuel Barbe, délégué interministériel à la Sécurité Routière, se fait culpabilisant envers les usagers faibles alors que ce sont les conducteurs de véhicules motorisés qui sont responsables de la vitesse mais aussi du choix de leur véhicule. L’usage du téléphone (même en kit main libre) ou d’autres distracteurs allonge le temps de réaction de plusieurs secondes, c’est aussi mortel pour le piéton ou le cycliste qui est percuté à pleine vitesse. Un choc à 50 km/h est mortel dans 90% des cas, à 30 km/h le taux tombe à 10%. La vitesse c’est vraiment une question de vie ou de mort pour l’usager faible.
Un piéton a deux à trois plus de risques de mourir lors d’un impact avec un SUV qu’avec une citadine ou une berline. Plus un véhicule est haut, plus il va percuter les organes les plus fragiles. Un véhicule plus bas va percuter dans les jambes et s’il est bien conçu le piéton le capot va amortir le choc. Avec un SUV le piéton passe dessous. Le choix de rouler en SUV est donc plus mortel toute l’année tandis que le changement d’heure va faire une différence pendant quelques semaines. Comme on le voit sur la photo, même des adultes sont masqués par les gros SUV. E Barbe met l’accent sur la responsabilité des piétons et cyclistes, pourtant la priorité me semble bien ailleurs.
Hervé Dizy
Ce dimanche 27 octobre, à 3 h, il sera 2 h. Cette année encore, le passage à l’heure d’hiver va en perturber plus d’un. Dans nos rues, les accidents de piétons devraient augmenter de 50 % dans les premiers jours.
Par Aurélia Brachet La Voix du Nord 25/10/2019
« En France, la moitié des accidents mortels de piétons a lieu entre octobre et décembre. Ce n’est pas seulement dû au changement d’heure, c’est aussi car il fait plus sombre. Mais les accidents piétons augmentent tout de même de 50 % dans les semaines qui suivent le passage à l’heure d’hiver », explique Philippe Dutrieu, directeur de l’Automobile club Nord.
Chez nos voisins belges, il y a une hausse de 66 % de piétons gravement blessés ou tués durant l’heure de pointe après ce changement, selon l’institut belge VIAS, pour la période 2009-2018. Des chiffres que Philippe Dutrieu explique : « la visibilité est réduite à cause de la luminosité en moins. De plus, cette période est compliquée pour tout le monde, il y a plus de fatigue. »
Les accidents routiers plus nombreux après le changement d’heure
Mais les piétons ne sont pas les seuls concernés, les accidents routiers augmentent également. « On sait que globalement il y a plus d’accidents de voiture la nuit que le jour, donc logiquement, vu qu’à cette période il fait nuit plus longtemps, on compte plus d’accidents. »
Hervé Dizy, président de la Ligue contre la violence routière pour la région, complète : « dans les statistiques, on observe bien une augmentation dans les semaines qui suivent, en octobre et novembre. L’attention du conducteur doit être plus grande, il est responsable de la vitesse ».
En 2017, en France, le jour le plus mortel de l’année avait été le dimanche 5 novembre, avec 23 personnes tuées, et le week-end le plus mortel celui du 4 et 5 novembre, avec 37 morts, selon l’Observatoire national interministériel de la sécurité routière (ONISR). En 2018, par rapport à 2017, la mortalité routière était tout de même en baisse dans quatre régions, dont les Hauts-de-France, selon l’ONISR.
Favorable aux agriculteurs
Mais le changement d’heure ne pose pas que des soucis. Dans le monde agricole par exemple, c’est une période assez bienveillante. « Il fait clair plus tôt le matin et c’est mieux pour semer le blé tendre, le gros chantier du moment avec l’arrachage des pommes de terre et des betteraves. On a de bons phares mais on doit toujours faire attention en bordure de champs », explique Ghislain Mascaux, agriculteur à Bugnicourt.
Prudence tout de même…
La fin du changement, c’est pas maintenant
La fin du changement d’heure a bien été votée par le Parlement européen, mais elle n’interviendra pas avant 2021. « Si on reste à l’heure d’été, la date arrêtée sera en mars 2021, si c’est l’heure d’hiver, ce sera en octobre 2021 », détaille Karima Delli, Roubaisienne élue députée européenne Les Verts. Tous les États-membres doivent notifier leur décision finale avant avril 2020. En attendant, les différentes possibilités sont étudiées. Ça nous laisse autant d’occasions de demander naïvement : « on dort plus ou on dort moins ? ».