Sécurité routière : hausse inquiétante des délits de fuite

Depuis sept ans, les cas de délits de fuite ont augmenté de 24,3 %, ce qui en fait le premier délit routier devant l’alcoolémie et le défaut de permis de conduire. En 2017, ce ne sont pas moins de 172.000 cas qui ont été recensés par les forces de l’ordre sur nos routes. 

Alors que 2018 a battu des records en termes de sécurité routière avec 167 décès de moins qu’en 2017, tout n’est toutefois pas rose sur nos routes. Et pour cause, alors que l’enquête se poursuit pour retrouver le conducteur ayant fauché deux enfants sur une route de Lorient, il y a quelques jours, la question du délit de fuite est désormais au cœur des préoccupations. Si la jeune femme de 21 ans s’est en effet rendu, le l’homme d’une vingtaine au volant reste
toujours recherché par les forces de l’ordre après s’être enfuit à la suite d’une collision ayant entraîné le décès d’un enfant, tandis que le second reste toujours dans un état critique. Une situation qui n’est malheureusement pas rare, comme le déplore Chantal Perrichon, présidente de la Ligue contre la violence routière « Hélas, ils sont loin d’être des cas isolés ».

Et pour cause, le délit de fuite est actuellement le premier délit routier en France (29 %), juste devant l’alcoolémie (20,8 %) et le défaut de permis de conduire (19 %). Des comportements qui restent toutefois très liés, puisque selon Rémy Josseaume, avocat spécialisé en droit routier « les gens s’enfuient pour éviter la responsabilité qui est derrière, ils sont dans la crainte de faire face à une situation qui est antérieure à l’accident […] Je ne connais aucun conducteur qui prend la fuite quand tout va bien, il y a toujours une circonstance derrière ».Plus inquiétant encore, le nombre de délits de fuite ne cesse d’augmenter, avec une hausse de 24,3 % en sept ans, passant de 138.515 à 171.217 cas en 2017. Un chiffre qui semble aller de pair avec les récents chiffres, alors que 700.000 conducteurs circuleraient actuellement sans permis et plus de 800.000 ne sont pas assurés.

Des peines insuffisantes Pourtant, en théorie, les peines encourues ont de quoi refroidir les aspirants chauffards. En effet, les auteurs d’un délit de fuite peuvent encourir jusqu’à trois ans de prison et 75.000 € d’amende, une sanction passant à 7 ans de prison et 100.000 € en cas d’homicide involontaire. Malheureusement, en pratique, les délinquants écopent rarement de telles peines. Comme l’explique Rémy Josseaume, « Aujourd’hui, lors d’un délit de fuite, si vous n’avez tué personne et que vous avez seulement refusé de vous arrêter, ça ne va pas aller bien loin judiciairement ». Il faut toutefois prendre en compte les différents types d’accidents, puisque dans la grande majorité des cas, les délits de fuite concernent des automobilistes ayant « simplement » embouti un véhicule et étant parti sans laisser leurs coordonnées. Plus inquiétant toutefois, en 2017, des automobilistes ont pris la fuite dans 6 % des accidents corporels et 2,5 % des accidents mortels.

Au total, sur plus de 171.000 délits de fuite, seules 7.000 condamnations ont été prononcées en 2017, la majorité des cas étant classé sans suite, soit faute de preuves, soit car le coupable s’est finalement rendu a réparé les dommages causés. Et pour cause, selon Chantal Perrichon, « très souvent, ce sont des personnes qui avaient bu et qui attendent de dessaouler pour venir s’expliquer ».

Auto-Moto 17/06/2019 Marie Lizak

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