Lille, Pollution de l’air : une réglementation inadaptée pour protéger la santé
Les particules fines (PM2,5), pourtant considérées comme les plus dangereuses, ne sont toujours pas prises en compte pour les alertes pollution.
En octobre 2017, quinze agglomérations confrontées à des problèmes récurrents de qualité de l’air se sont engagées à déployer, d’ici à 2020, des zones à faible émission, sur le modèle de Paris, afin d’exclure progressivement les véhicules les plus polluants de leurs rues. On y trouve les métropoles du Grand Paris, du Grand Lyon, d’Aix-Marseille, de Strasbourg, Nice, Toulouse, Montpellier, Grenoble, Clermont, Saint-Etienne, Reims, Toulon, Rouen et même Fort-de-France. Mais pas Lille.
La métropole lilloise ne fait pas non plus partie de la douzaine de régions dont les dépassements répétés des normes de pollution valent à la France d’être renvoyée devant la Cour de justice de l’Union européenne. La cité du Nord est passée sous les radars.
Comment expliquer une telle anomalie ? Le thermomètre utilisé pour mesurer la pollution n’est plus adapté. Bien que les PM2,5 soient aujourd’hui reconnues dans la littérature scientifique comme les plus dangereuses car elles franchissent la barrière pulmonaire et entrent dans la circulation sanguine, ce sont les PM10 (de diamètre inférieur à 10 µm) qui restent la référence réglementaire en matière de pollution particulaire.
Ainsi, la vallée de l’Arve, en Haute-Savoie, vient de connaître un nouvel épisode de pollution intense avec plusieurs jours de dépassements des normes de PM10, fixées à 50 µg/m3 sur vingt-quatre heures, soit le double du seuil de l’OMS pour les PM2,5. Le département du Nord a connu quinze épisodes de pollution aux PM10 (correspondant à vingt-six jours) en 2018 selon les données d’ATMO Hauts-de-France, l’organisme de surveillance de la qualité de l’air dans la région. Mais, officiellement, aucun pic de pollution aux PM2,5.
Considérant que leurs effets sanitaires se font surtout ressentir à moyen et long terme, les particules fines font l’objet d’une réglementation annuelle et non journalière. A la différence des PM10 mais aussi du dioxyde d’azote (NO2) et de l’ozone (03), des concentrations excessives journalières en PM2,5 ne peuvent donc pas déclencher d’alerte pollution de la part des pouvoirs publics.