80 km/h sur les routes à deux voies, c’est bientôt fait !

Le gouvernement va confirmer en 2018 le passage des routes sans séparation physique à 80 km/h.

Un Conseil Interministériel de Sécurité Routière devrait entériner la mesure recommandée par les experts de sécurité routière en février 2013, Bernard Cazeneuve avait choisi de ne pas choisir en optant pour une expérimentation sur quelques dizaines de kilomètres sans observer un protocole d’étude permettant d’établir une quelconque conclusion. Nous avons ainsi perdu des années et des milliers de vies ont été perdues à cause du manque de courage politique sous la présidence de François Hollande. Pourquoi lancer des études boiteuses alors que les anciennes sont formelles et permettent déjà de prendre une décision urgente?

Le Pr Got opposé au maintien des 90 km/h sur certaines routes
AFP – 10 octobre 2013
Le professeur Claude Got, l’un des experts du comité qui a préconisé une réduction de la vitesse de 90 à 80 km/h sur les routes pour faire baisser la mortalité, est opposé au maintien
des 90 km/h sur certaines routes, une des deux hypothèses du groupe d’experts.

Ce comité d’experts a rédigé un rapport, commandé en février par le député socialiste du Bas-Rhin Armand Jung, président du Conseil national de la sécurité routière (CNSR), instance chargée
de faire des recommandations en matière de sécurité routière.

Les quinze chercheurs et professionnels – dont le Pr Got – formant le Comité des experts du CNSR, préconisent la limitation de la vitesse maximale autorisée à 80 km/h sur « les routes bidirectionnelles » nationales, départementales et communales où elle est limitée à 90 km/h.

Ces experts suggèrent de redéployer et d’intensifier les contrôles de vitesse sur ces routes « bidirectionnelles » limitées actuellement à 90 km/h sur lesquelles 2311 personnes ont trouvé la
mort en 2011.

Cette mesure, selon le rapport de ces experts, pourrait permettre de sauver 450 vies chaque année si elle s’appliquait sur l’ensemble du réseau concerné mais la réduction serait deux fois
plus faible si les routes les plus fréquentées étaient maintenues à 90 km/h.

À la suite de la diffusion de ce rapport, le professeur Claude Got a annoncé jeudi à l’AFP qu’il avait décidé de rendre public son désaccord dans un texte qu’il publiera dans la matinée sur son
site (www.securite-routiere.org).

Ce spécialiste reconnu des questions de sécurité routière a dit qu’il n’avait pas signé le rapport en reprochant au comité d’experts de ne pas avoir exprimé formellement une « préférence » pour l’une des deux variantes de cette mesure : limitation sans délai à tout le réseau concerné ou définition préalable des voies qui pourraient être maintenues à 90 km/h.

Pour Claude Got, si le « gouvernement décide de limiter sans délai l’ensemble de ce réseau à 80 km/h et de procéder à des évaluations précises avant d’en remettre éventuellement une partie
à 90 km/h, la réduction de la mortalité sera immédiate et importante».

En revanche, explique le Pr Got, « si l’on attend d’avoir défini la fraction maintenue à 90 km/h et celle qui sera limitée à 80 km/h, l’effet immédiat sera nul, car le choix des voies pouvant être maintenues à 90 km/h sera difficile, conflictuel et long ».

Claude Got ajoute par ailleurs qu’« aucune autre recommandation du rapport ne peut avoir d’effet à court terme », ajoutant que si le gouvernement « ne retient que des mesures aux effets
différés, il perdra toute crédibilité dans sa volonté d’agir ».

Parmi les autres mesures, les experts du CNSR proposent d’éliminer ou d’isoler les obstacles au bord des routes (arbres, murs, poteaux ou fossés), impliqués dans 1370 décès en 2012.
En 2012, 3653 personnes ont perdu la vie sur les routes. Le gouvernement a fixé l’objectif de passer sous la barre des 2 000 morts d’ici 2020.

Le Professeur Claude Got explique dans cet article  Le lien inéluctable entre vitesse et accidents et dénonce les désinformateurs qui nient la réalité. Nous allons retrouver ces prochains jours ces désinformateurs qui vont vont répéter les mêmes niaiseries car ils n’ont pas compris, ni voulu comprendre les démonstrations scientifiques vérifiées par les études officielles dans de nombreux pays. Les lobbies de la vitesse vont inonder les médias de désinformation pour faire pression sur les décideurs politiques face à des électeurs apparemment indignés. Opposons leur les faits, les statistiques. La réalité alternative n’est que mensonge. Un mensonge qui tue puisqu’il empêche de prendre des mesures qui permettront de sauver au moins 450 vies par an.

Dans le PONDÉRATION N° 97 – juillet-août-septembre 2013 (page 8) nous plaidions déjà pour le 80 km/h sur le réseau secondaire sans séparation centrale.

RÉDUIRE LES VITESSES SUR LES ROUTES BI-DIRECTIONNELLES

Une commission du CNSR examine la pertinence d’une réduction des vitesses maxima autorisées. Le ministre Valls, soucieux d’atteindre son objectif de « moins de 2 000 tués en 2020 », l’a évoquée devant la presse. Ces déclarations suscitent de nombreuses réactions, sondages et pétitions fantaisistes à l’appui.
Pourtant, réduire les vitesses est le principal gisement de sécurité routière et personne n’énonce d’arguments objectifs contre cette mesure. Pour la Ligue, la demande d’une baisse générale des niveaux de vitesse n’est pas nouvelle, mais celle du réseau secondaire où se produisent ⅔ des accidents mortels est une urgence. Plus que jamais, et pour de nombreuses autres raisons d’ordre économique, environnemental et de santé publique, ces demandes sont dans l’air du temps.

Routes départementales : un point de vue technicien (D’après un texte de Jacques Robin, Ligue Contre la Violence Routière)

Le document de recommandations « Aménagement des Routes Principales » (ARP, circulaire ministérielle du 5 août 1994) définit les caractéristiques que doivent avoir les routes bidirectionnelles (RN et RD) de la catégorie « Routes Principales ». L’autre catégorie est les « routes secondaires ».

Les « routes principales » supportant 2 sens de circulation sans séparation médiane ont une largeur de chaussée d’au moins 6 mètres et comportent un accotement roulable jusqu’à 1,75 m (bande dérasée) et dépourvu d’obstacles jusqu’à 4 m (zone de sécurité).

Cette bande dérasée supporte le marquage de rive et a pour fonction « de permettre la récupération des véhicules déviant de leur trajectoire, d’éviter les collisions frontales en autorisant les manœuvres d’urgence de déport latéral et de permettre aux piétons et éventuellement aux cyclistes de circuler en sécurité ».

Dans cette zone « de sécurité » d’au moins 4 mètres sont exclus tous obstacles agressifs (arbres, supports EDF ou autres, têtes de buse, parapets de ponts et fossés profonds).
Les « routes secondaires » – Ces zones latérales à la chaussée décrites ci-dessus ne sont pas exigées sur les routes secondaires dénommées couramment « petites routes départementales » : cette absence est fondamentale sur le plan de la sécurité.

Chaque gestionnaire fait au mieux avec l’héritage reçu du passé et la faible largeur disponible, mais ceci se traduit le plus souvent par des accotements de très faible largeur sans revêtement pour rouler ou marcher et souvent parsemés d’obstacles.

Nature du risque sur les routes secondaires
1 – Les collisions frontales
Pour diverses raisons le véhicule peut s’écarter de sa voie : perte d’adhérence, vitesse excessive, attention diminuée par l’usage du téléphone ou d’outils communicants embarqués, trouble dans l’habitacle, somnolence, alcoolémie et stupéfiants. Si une collision frontale devient possible, elle est inévitable sur les routes secondaires du fait de l’absence d’accotement roulable qui ne permet pas de se déporter à droite.2 – Les obstacles très proches de la chaussée (Cf. tableau) Arbres, fossés profonds, têtes de buses, poteaux, parapets (en cause pour plus de 900 tués  par an).
3 – La présence sur la chaussée de cyclistes et de piétons dont les enfants et les personnes âgées car les accotements sont étroits et non praticables.
4 – Les nombreux accès riverains : champs et activités locales, matériel agricole, traverse de lieudits.
5 – Les carrefours et virages dont la topographie ne permet pas d’aménagements particuliers.
Ces risques sont incompatibles avec une vitesse de 90 km/h. Abaisser celle-ci réduirait considérablement le risque de survenance et la gravité de l’accident.

 

 

 

 

Voici l’éditorial de notre présidente dans le Pondération 97 qui démontre que nous nos convictions sont fondées scientifiquement et que les détracteurs des mesures pour lutter contre la vitesse ressassent sempiternellement les mêmes arguments simplistes et faux en croyant que marteler des mensonges en feront des vérités.

Editorial:

Oui la VITESSE, encore la VITESSE, toujours la VITESSE !
Chers amis, militants, adhérents, sympathisants, les mois qui se profilent n’augurent rien de bon.

Le lobby pro vitesse se lance dans un marketing agressif, soutenu par des journalistes de la presse spécialisée accros au maniement compulsif du levier de vitesse, qui affirment que le modèle de Nilsson (1) fait partie du passé. Le but est de dévaloriser les recommandations du Comité des experts du CNSR qui « préconisent… la réduction de la vitesse bien sûr. En appliquant un calcul
très contesté qui veut que chaque augmentation de 1 % de la vitesse égale 4 % de tués en plus.

Ce principe, observé paraît-il sur les routes australiennes dans les années 60, correspond pourtant bien mal aux conditions du réseau français d’aujourd’hui » (2). Pour tous les détracteurs (nombreux et variés) de la vitesse comme premier facteur de mort sur la route, la question se pose :
s’agit-il d’une volonté de désinformer ou d’une fossilisation de leurs connaissances acquises à une période de la vie, d’un refus d’acquérir un savoir parfois complexe qui demande de l’investissement en temps, ou l’aveuglement qui permet d’éviter la question cruciale du conflit d’intérêt ?

Nous, les bénévoles de la Ligue, nous n’hésitons pas à consacrer une part importante de notre temps pour intégrer l’évolution des connaissances accidentologiques, et je suggère que les employeurs de ces contestataires routiniers et incultes de la sécurité routière les contraignent à une mise à niveau minimale : obligation de ne prendre la parole sur la vitesse qu’après avoir étudié les travaux de R. Elvik et plus récemment ceux de L. Aarts et I. Van Schagen en 2005. Une surprise les attend : la relation entre la vitesse moyenne et la mortalité est confirmée, année après année, n’en déplaise à ces mercenaires du pro vitesse.

Tentons l’impossible : au cas où l’un de ces « contraireux (3) » aurait la chance de s’intéresser à Pondération, qu’il lise jusqu’au bout (six lignes que diable) cette citation d’Yves Page (4), membre du Comité des experts du CNSR et auteur de multiples études épidémiologiques sur les accidents, validées à un niveau international : « La totalité des nombreuses expériences de limitation des vitesses sur les réseaux routiers dans le monde a contribué à diminuer l’insécurité routière : une baisse des limites de vitesse a toujours entraîné une baisse immédiate des vitesses pratiquées par les conducteurs et une baisse du nombre des accidents corporels et des victimes de la route. Ces résultats sont issus de travaux d’évaluation qui visent à quantifier les effets mesurables de l’introduction de limites de vitesse sur des indicateurs de sécurité. »

Nous l’avons souvent répété, la propagande et les mensonges des lobbies prospèrent d’autant plus que rien ne leur est opposé.
À part le rapport d’Aurélien Wattez (5), qui est pour nous la première concrétisation de la cellule riposte de la DSCR que nous attendons depuis des années pour répondre à la désinformation qui se répand dans les médias, qui prendra le relais pour balayer toutes ces niaiseries, ces provocations stupides ?

– La somnolence est le premier facteur de mort sur la route.
– La vitesse n’est pas le problème, puisque c’est sur les autoroutes qu’on roule le plus vite et qu’il y a moins de morts.
– Il faut être pragmatique et arrêter de prendre des décisions dans les bureaux.
– Si on baisse encore les vitesses, la somnolence augmentera.
– Si on m’interdit de téléphoner en conduisant, je risque de m’endormir…
– Si les constructeurs installent des BlueTooth dans les voitures, c’est que ce n’est pas dangereux.
– Si vous continuez avec vos radars, les Français rouleront sans permis et/ou seront au chômage.
– Si vous limitez les vitesses vous diminuerez la compétitivité de notre pays.
– Si vous installez des boîtes noires à 200 euros sur les voitures vous flinguez l’industrie automobile et tant d’autres…

Un point de ralliement pour ces lobbyistes anti sécurité routière : « Touche pas à ma vitesse ! » et la peur. La « répression » ne va-t-elle pas jeter sur nos routes 37 millions de conducteurs sans permis ? La peur, toujours cette peur que l’on agite pour tenter de mobiliser des conducteurs sous-informés.

Je dédie ce numéro de Pondération à Marie, Bastien, Sarah, trois jeunes enfants orphelins de leur père tué à Méteren dans le Nord, le dimanche 15 juillet 2012, alors qu’il circulait en vélo avec un ami. La conductrice qui a causé ce drame avait pris le volant après avoir « fêté » le 14 juillet. Des vies brisées. Anne-France doit affronter l’avenir seule maintenant avec ses trois petits, soutenue par les parents et le frère de François. Famille forte, solide, unie dans le malheur et qui doit faire face maintenant à l’absence de cet homme aimé par les siens et apprécié par ces centaines de sportifs qui le connaissaient.

Chantal Perrichon 

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