Accidents de la route : le combat n’est jamais fini

La Croix 28/06/2017 Blog de Yves Durand

Dis, Grand-père, c’est vrai que tu as peur quand mes grands frères, le soir, ils sortent en voiture ?
C’est le cauchemar des parents et grands-parents. Le plus souvent, le samedi soir, et puis à nouveau au moment des départs en vacances quand nos grands ados ou nos jeunes adultes s’apprêtent à prendre la route.

Le bruit de la clé qu’on guette…
Nos jeunes conducteurs, eux, sont sans inquiétude. Ils conduisent avec optimisme et assurance. Certains y ajoutent un rien d’impétuosité et quelques uns seulement une petite dose d’inconscience. Même quand ils ne sont pas au volant, on a peur pour eux. Parce que les passagers qu’ils sont dépendent alors d’un copain ou d’une copine – on préfère que ce une fille et l’on se fait peut-être d’ailleurs des idées – des amis dont on ne sait rien…
Ou qu’on croit au contraire trop bien connaître…
Les statistiques des accidents de la route hantent ou ont hanté beaucoup d’entre nous. On attend le coup de fil des enfants qui, arrivés à bon port, nous rassureront. Ou bien, au petit matin, on reste en éveil, guettant les bruits qui nous permettront de nous endormir enfin : la clé dans la serrure, les pas dans l’escalier qui signaleront que nos « grands » sont de retour de la discothèque…

Des vies épargnées par milliers
Tout à l’heure, sur Facebook, j’ai lu l’hommage inhabituel que décerne notre consœur Geneviève Jurgensen à l’ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin qui annonce son retrait de la vie politique. Quel rapport avec les accidents de la route ? Vous allez voir…
Ce que salue Geneviève Jurgensen, c’est justement la politique menée en matière de sécurité routière par l’ancien Premier ministre de Jacques Chirac, de 2002 à 2005. « Une politique de prévention cohérente ». Notre consœur connaît la question, trop bien, malheureusement, elle qui a perdu deux fillettes, tuées par un chauffard, et qui a fondé en 1983 la Ligue contre la violence routière…
La loi du 12 juin 2003, précise Geneviève Jurgensen, a permis « d’épargner des vies par milliers, tous les ans, depuis près de quinze ans. Aucun de nous ne saurait dire de qui, aujourd’hui, il serait privé sans l’action de Jean-Pierre Raffarin, sur l’instigation de Chirac… Et d’ailleurs, serions-nous en vie nous-mêmes ? »
Aggravation des peines, notamment en cas de récidive, automatisation des sanctions, renforcement des moyens de prévention des accidents : on l’a compris, la loi adoptée à l’époque vise à responsabiliser le conducteur.

La préhistoire…
En 2000, la France déplorait encore plus de 7600 décès annuels dus à des accidents de la route, les victimes étant des automobilistes mais aussi des motards, des cyclistes ou des piétons. Deux ans plus tard, on en était à 7200 morts – un chiffre qui nous « semble appartenir à la préhistoire », note Geneviève Jurgensen.
De fait, la courbe des statistiques a commencé à s’infléchir dans ces années-là, passant progressivement sous la barre des 5000 puis des 4000 morts. L’année dernière, on en était à 3477 décès. Le chemin parcouru constitue une victoire mais, chaque retour de week-end, chaque chassé-croisé pendant l’été, nous rappelle que rien n’est jamais définitivement gagné. Il en est de la sécurité routière comme du taux d’alphabétisation d’une population, ou de la lutte contre l’alcoolisme : le combat doit rester permanent !

Il n’y a pas de bon âge pour mourir. Mais être victime d’un accident mortel à l’âge des promesses, à vingt ans et parfois plus jeune encore, c’est trop stupide !

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